Si mes vers avaient des ailes Hugo
Ils voleraient, étincelles, Vers votre foyer qui rit, Si mes vers avaient des ailes, Des ailes comme l’esprit.
Près de vous, purs et fidèles, Ils accourraient, nuit et jour, Si mes vers avaient des ailes, Des ailes comme l’amour !
If My Words Had Wings
They would fly, sparks, Toward your laughing home, If my words had wings, Wings like the spirit.
Close to you, pure and faithful, They would hasten, night and day, If my words had wings, Wings like love!
Offrande Verlaine
J’arrive tout couvert encore de rosée Que le vent du matin vient glacer à mon front. Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête Toute sonore encor de vos derniers baisers ; Laissez-la s’apaiser de la bonne tempête, Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Offering
I arrive, all covered in blushing joy That the wind of the morning? Has frozen on my face.? Suffer my fatigue As I rest at your feet,? Dreaming of those dear moments That will revive me.
On your young breast Let me rest my head, All ringing still? With your last kisses. Let it calm itself After that pleasant tempest, And let me sleep a while, Since you are resting.
L’heure exquise Verlaine
The Exquisite Hour
L’ennamourée
Par les blanches nuits d’étoiles, Dans la brise qui murmure, Je caresse tes longs voiles, Ta mouvante chevelure, Et tes ailes demi-closes Qui voltigent sur les roses. Ô délices! je respire
Tes divines tresses blondes; Ta voix pure, cette lyre, Suit la vague sur les ondes, Et, suave, les effleure, Les effleure suave, Comme un cygne qui se pleure!
The Loved One
Through the sleepless night with stars, in the breeze that murmurs, I caress your long veils, your flowing hair, and your wings half closed which flutter among the roses.
D’une prison Verlaine
Mon Dieu! Mon Dieu! La vie est là simple et tranquille Cette paisible rumeur là vient de la ville Qu’as-tu fait, Ô toi que voilà pleurant sans cesse, Dis! Qu’as-tu fait, Toi que voilà, de ta jeunese?
From Prison
My Lord! my Lord! The Life there is simple and quiet This peaceful rumble comes from the city… What have you done, Oh you, who now weeps endlessly, Say! What have you done, You, with your youth?
A Chloris De Viau
Que la mort serait importune A venire changer ma fortune Pour la félicitéde cieux! Tout ce qu’on dit de l’ambroisie Ne touché point ma fantaisie Aux pris des grâces de tes yeux!
To Chloris
Even death Would not really alter My happiness. Nothing anyone says of ambrosia Affects my imagination to the same extent As the favour bestowed by your eyes.
Fetes gallantes Verlaine
C’est Tircis et c’est Aminte, Et c’est l’éternel Clitandre, Et c’est Damis qui pour mainte Cruelle, fait maint vers tendre.
Leurs courtes vestes de soie, Leurs longues robes à queues, Leur élégance, leur joie Et leur molles ombres bleues
Tourbillonnent dans l’extase D’une lune rose et grise, Et la mandoline jase Parmi les frissons de brise.
Gallant Parties
Here is Tircis and here is Aminte, and here is the inevitable Clitandre, and here is Damis, who, for many a cruel lady, composes many tender verses.
Their short silk jackets, their long-trained dresses, their elegance, their joy and their soft blue shadows
whirl around in the ecstasy of a pink and grey moon, And the mandolin chatters amidst the flutterings of the breeze.
Le Rossignol des Lilas Léopold Dauphin
Fidèle aux amoureux liens, Trille encore, divin petit être! O premier rossignol qui vient Dans les lilas, sous ma fenêtre!
Nocturne ou matinal, combien Ton hymne à l’amour me pénêtre! Tant d’ardeur fait en moi renaître L’écho de mes avrils anciens.
The Nightingale of the Lilies
Faithful to the bonds of love, trill on, divine little being! O first nightingale which comes to the lilacs, beneath my window,
Whether by night or in the morning, how deeply your hymn to love penetrates my being! So much passion renews in me the echo of my bygone Aprils.
Phidylé De Lisle
Laisse aux pentes d’Algide, au vert pays Albain, La brebis qui promet une toison prochaine Paître cytise et thym sous l’yeuse et le chêne ; Ne rougis pas ta blanche main.
Unis au rosmarin le myrte pour tes Lares. Offerts d’une main pure aux angles de l’autel, Souvent, ô Phidylé, mieux que les dons plus rares, Les Dieux aiment l’orge et le sel.
Phidylé
On the slopes of Algidum, on Alba’s green land, Let the ewe, soon to be fleeced, remain To browse cytisus and thyme beneath ilex and oak; Do not tinge with red your white hand.
Offer your Lares rosemary and myrtle With unsullied hand at the altar’s edge. Often, O Phidyle, rather than gifts more rare, The gods will favour barley and salt.
La dernière valse Donnay/Duvernois
Mais ce soir valsons ensemble, C’est pour la dernière fois. Presse encor ma main qui tremble, Que j’entende encor ta voix, Et si tu vois des larmes Qui brillent dans mes yeux, Peut-être alors mes yeux Auront des charmes délicieux.
Pour m’étourdir dans ma détresse, Valsons comme aux beaux jours, Quand tu jurais à ta maitresse De l’adorer toujours. Valsons, valsons, ton bras me serre Bien fort contre ton coeur; Et je pense: Était’il sincere Ou bien toujours menteur?
Dernier baiser, dernière étreinte Tu pars! Voici le jour! Une étoile s’est éteinte Dans le ciel de l’amour. Cruel, cruel, tu vois les larmes Qui coulent de mes yeux! Mais les larmes n’ont plus de charmes Pour les coeurs oublieux.
The Last Waltz
But tonight let’s dance together. This is our final time. Clasp my trembling hand once more, let me hear your voice again. And if there are tears glistening in my eyes, then perhaps that will make them deliciously charming.
To make me dizzy in my distress, let’s waltz as in those happy days when you kept promising me, your mistress, you would adore me forever. Let’s waltz, your arm is squeezing me close against your heart; And I’m thinking: “Was he sincere or was he always a liar?”
Last kiss, last embrace! You are going! It’s daylight! A star has gone dark in the sky of love. Cruel man, you can see the tears that are streaming from my eyes! But tears have no charms any more for hearts that forget.