Nuit d’étoiles, poetry of Théodore Faullin de Banville (1823-1891)
La sereine mélancolie vient éclore au fond de mon coeur, Et j’entends l’âme de ma mie Tressaillir dans le bois rêveur.
Je revois à notre fontaine tes regards bleus comme les cieux; Cettes rose, c’est ton haleine, Et ces étoiles sont tes yeux.
The serene melancholy comes bursting in the depth of my heart, and I hear the soul of my love tremble in the dreaming woods.
I see again at our fountain your gaze, blue as the sky; this rose, it is your breath, and these stars are your eyes.
Fêtes Galantes II, poetry by Paul Verlaine (1844-1896) Les ingénus
Parfois aussi le dard d’un insecte jaloux Inquiétait le col des belles sous les branches, Et c’étaient des éclairs soudains des nuques blanches, Et ce regal comblait nos jeunes yeux de fous.
Le soir tombait, un soir equivoque d’automne : Les belles se pendant rêveuses à nos bras, Dirent alors des mots si spéciaux, tout bas, Que notre âme, depuis ce temps, tremble et s’étonne.
Sometimes also the sting of a jealous insect worried the beautiful neck under the branches, and then there were sudden flashes of white necks and so regal, filled our young crazy eyes.
The night fell, a clear autumn night; the beautiful ones, dreaming while in our arms, said then words so special, so low, that our soul since that time trembled and surprised itself.
Le faune
Qui m’ont conduit et t’ont conduite, — Mélancoliques pelerins, — Jusqu’à cette heure dont la fuite Tournoie au son des tambourins.
which have brought you and me (a couple of melancholy pilgrims) to this brief transient hour which now is whirling away to the beat of little drums.
Colloque sentimental
Leurs yeux sont morts et leur lèvres sont molles, Et l’on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux spectres ont évoqué le passé.
— Te souvient-il de notre extase ancienne? — Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne?
— Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom? Toujours vois-tu mon âme en rêve? — Non.
— Ah ! Les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! — C’est possible.
— Qu’il était bleu, le ciel, et grand l’espoir! — L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles, Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Lo, are their lips fallen and their eyes dead, Hardly shall a man hear the words they said.
Into the lonely park, all frozen fast, There came two shadows who recall the past.
“Dost thou remember our old ecstasy?”– “Wherefore should I possess that memory?”–
“Doth thine heart beat at my sole name alway? Still dost thou see my soul in visions?” “Nay!”–
“They were fair days of joy unspeakable, Whereon our lips were joined?” — “I cannot tell.”–
“Were not the heavens blue, was not hope high?”– “Hope has fled vanquished down the darkling sky.”–
So through the barren oats they wandered, And the night only heard the words they said.
Le promenoir des deux amants, poetry of Tristan L’Hermite (1601-1655)
1. Auprès de cette grotte sombre
Ces flots, lassés de l’exercise Qu’ils ont fait dessus de gravier, Se reposent dans ce rivier Où mourut autrefois Narcisse…
L’ombre de cette fleur vermeille Et celle de ces joncs pendants Paraissent estre là-dedans Les songes de l’eau qui sommeille.
These waves, tired of the gymnastics That they have performed over this gravel, Come to rest at this bank Where once upon a time Narcissus was transformed1.
The ghost of this vermillion flower And that of these hanging rushes Appear to be present in The dreams of dozing water.
2. Crois mon conseil, chère Climène
N’ouïs-tu pas soupirer Zéphire, De merveille et d’amour atteint, Voyant des roses sur ton teint, Qui ne sont pas de son empire?
Sa bouche d’odeur toute pleine A soufflé sur notre chemin, Mêlant un esprit de jasmin À l’ambre de ta douce haleine.
Do you not hear Zephyr breathe, Marveling at attained love, Seeing your rosy complexion Which is not part of his empire?
His mouth full of fragrance Has breathed on our path, Mixing a hint of jasmine In the amber of your sweet breath.
3. Je tremble en voyant ton visage
De crainte de cette aventure Ne commets pas si librement À cet infidèle élément Tous les trésors de la Nature.
Veux-tu, par un doux privilège, Me mettre au-dessus des humains? Fais-moi boire au creux de tes mains, Si l’eau n’en dissout point la neige.
For fear that this love-affair Should not commit too freely to this false element all the treasures of Nature.
Will you,for a sweet privelege, Place me above the humans? Allow me to drink from the hollow of your hands, if the water doesn’t melt the snow.