Puisque rien ne t’arrête en cet heureux pays, Ni l’ombre du palmier, ni le jaune maïs, Ni le repos, ni l’abondance, Ni de voir à ta voix battre le jeune sein De nos sœurs, dont, les soirs, le tournoyant essaim Couronne un coteau de sa danse,
Adieu, beau voyageur, hélas, Oh ! que n’es-tu de ceux Qui donnent pour limite à leurs pieds paresseux Leur toit de branches ou de toiles ! Qui, rêveurs, sans en faire, écoutent les récits, Et souhaitent, le soir, devant leur porte assis, De s’en aller dans les étoiles !
Si tu l’avais voulu, peut-être une de nous, O jeune homme, eût aimé te servir à genoux Dans nos huttes toujours ouvertes ; Elle eût fait, en berçant ton sommeil de ses chants, Pour chasser de ton front les moucherons méchants, Un éventail de feuilles vertes.
Si tu ne reviens pas, songe un peu quelquefois Aux filles du désert, sœurs à la douce voix, Qui dansent pieds nus sur la dune ; O beau jeune homme blanc, bel oiseau passager, Souviens-toi, car peut-être, ô rapide étranger, Ton souvenir reste à plus d’une !
Adieu, handsome traveler. Alas! Oh, why aren’t you one of those who limit their lazy feet to their own roofs of branches or canvas! Who, dreamers, listen to stories without making any, and dream of flying away to the stars, sitting before their doors in the evening?
Had you wished it, perhaps one of us, young man, would have liked to serve you, kneeling, in our huts that are always open. She would have lulled you to sleep and made a fan of green leaves to chase away the flies from your brow.
If you don’t come back, think sometimes on the desert’s daughters, soft-voiced sisters dancing barefoot on the dune. Handsome young white man, lovely bird of passage, remember, for perhaps, oh rapid stranger, your memory remains in more than one of them!
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Murmure autour de ma nacelle, Douce mer dont les flots chéris, Ainsi qu’une amante fidèle, Jettent une plainte eternelle Sur ces poétique débris.
Que j’aime à flotter sur ton onde, À l’heure où du haut du rocher L’oranger, la vigne féconde, Versent sur ta vague profonde Une ombre propice au nocher!
Souvent, dans ma barque sans rame, Me confiant à ton amour, Comme pour assoupir mon âme, Je ferme au branle de ta lame Mes regards fatigués du jour.
Murmur around my little boat, sweet sea whose beloved waves like a faithful lover cast an eternal lament on these poetic ruins.
How I love to float on your swell, at the hour when from the height of the rock, the orange tree and the fertile vine shed on your depths a friendly shadow for the boatman.
Often in my oarless boat, entrusting myself to your love, as though to rock my soul to sleep, I close, to the motion of your waves, my eyes, worn out by the day.
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Lève-toi! lève-toi! le printemps vient de naître! Là-bas, sur les vallons, flotte un réseau vermeil! Tout frissonne au jardin, tout chante et ta fenêtre, Comme un regard joyeux, est pleine de soleil!
Du côté des lilas aux touffes violettes, Mouches et papillons bruissent à la fois Et le muguet sauvage, ébranlant ses clochettes, A réveillé l’amour endormi dans les bois!
Puisqu’Avril a semé ses marguerites blanches, Laisse ta mante lourde et ton manchon frileux, Déjà l’oiseau t’appelle et tes soeurs les pervenches
Te souriront dans l’herbe en voyant tes yeux bleus!
Viens, partons! au matin, la source est plus limpide; Lève-toi! viens, partons! N’attendons pas du jour les brûlantes chaleurs; Je veux mouiller mes pieds dans la rosée humide, Et te parler d’amour sous les poiriers en fleurs.
Get up! Get up! Spring has just been born! Over those valleys a rosy mist is floating! Everything in the garden trembles and sings; your window is full of sunshine, like a joyful gaze.
Around the bunches of purple-flowering lilac butterflies and bees flutter and hum together, and the little shaking bells of lily-of-the-valley have woken up Eros who was sleeping in the woods.
Now that April has scattered its white daisies, go without your heavy cloak and cold-weather muff! The birds are already calling you, and the periwinkles (your sisters) will smile in the grass when they see your blue eyes.
Let’s get going! The stream is clearer in early morning. Get up! Let’s not wait for the day’s burning heat.
I want to wet my feet in the moist dew and talk to you of love under the blossoming pear-trees.
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Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée, Loin de ton sourire vermeil.
Entre nos coeurs quelle distance ! Tant d’espace entre nos baisers ! Ô sort amer! ô dure absence ! Ô grands désirs inapaisés !
Au pays qui me prend ma belle, Hélas! si je pouvais aller ; Et si mon corps avait une aile Comme mon âme pour voler !
Par-dessus nos vertes collines, Les montagnes au front d’azur, Les champs rayés et les ravines, J’irais d’un vol rapide et sûr.
Le corps ne suit pas la pensée; Pour moi, mon âme, va tout droit, Comme une colombe blessée, T’abattre au rebord de son toit.
Et dis, mon âme, à cette belle : «Tu sais bien qu’il compte les jours! Ô ma colombe! à tire d’aile, Retourne au nid de nos amours.»
Come back, come back, my dearest love! Like a flower far from the sun, The flower of my life has drooped, removed from the charm of your smile.
Between our hearts how long a distance! What a wide space our kisses divide! O bitter fate! O cruel absence! O longing vain, unsatisfied!
To that far land where dwells my love, Alas! if I could only go! If wings were tied to my body, As to my soul, then I would fly!
Far away, above the green hill tops, The lofty mountains with peaks of blue, The meadows gay, the babbling rivers, With quick, sure wing I’d take my flight!
The body can’t keep up with thought! With me the spirit goes ahead, Just like a poor dove that is wounded And lights on the roof of his cot.
And say, my soul, to my sweetheart: O my own dove! fly with all swiftness, Back to the nest hallowed with love! You know well that he counts the days!
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L’amour! L’amour! L’amour! L’amour!
L’amour est enfant de Bohême, Il n’a jamais jamais connu de loi. Si tou ne m’aimes pas, je t’aime. Si je t’aime, prends garde à toi!
L’oiseau que tu croyais surprendere Battit d’aile et s’envola. L’amour est loin, tu peux l’attendre. Tu ne l’attends pas, il est là.
Tout atour de toi, vite vite, Il vient, s’en va, puis il revient. Tu crois le tenir, il t’evite. Tu crois l’eviter, il te tient.
L’amour! L’amour! L’amour! L’amour!
L’amour est enfant de Bohême, Il n’a jamais jamais connu de loi. Si tou ne m’aimes pas, je t’aime. Si je t’aime, prends garde à toi!
Love! Love! Love! Love!
Love is a gypsy’s child, it has never, ever, known a law; If you love me not, then I love you; and if I love you, you’d better watch out! (repeats above).
The bird you thought you had caught beat its wings and flew away … love stays away, you wait and wait; when least expected, there it is!
All around you, swift, so swift, it comes, it goes, and then returns … you think you hold it fast, it flees you think you’re free, it holds you fast.
Love! Love! Love! Love!
Love is a gypsy’s child, it has never, ever, known a law; If you love me not, then I love you; and if I love you, you’d better watch out!
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La marguerite a fermé sa corolle, L’ombre a fermé les yeux du jour. Belle, me tiendras-tu parole? Ouvre ton coeur à mon amour.
Ouvre ton coeur, ô jeune ange, à ma flamme, Qu’un rêve charme ton sommeil. Je veux reprendre mon âme, Comme une fleur s’ouvre au soleil!
The daisy has closed its petals, The shadow has closed its eyes for the day. Beauty, will you speak with me? Open your heart to my love.
Open your heart, o young angel, to my flame So that a dream may enchant your sleep. I wish to reclaim my soul, As a flower turns to the sun!